En France, un enfant de 6 ans a disparu depuis 15 jours : contexte familial compliqué, vérités et contre-vérités sur le jour de la disparition, soupçons et accusations... Bilan, comme pour beaucoup d'autres affaires, l'opinion publique a désigné les parents comme coupables du meurtre et de la dissimulation du corps.
La tentation est grande de hurler avec les loups, de jeter l 'opprobe sur les parents et d'exiger d'eux la vérité, de "nous" rendre le corps du petit supplicié. D'ailleurs, jusqu'à quelles limites sommes nous prêts à aller pour obtenir d'eux des aveux ? Retour aux sombres heures de la question, de l'ordalie et autres révélateurs de vérités plus ou moins... vraies !
Peut-être que les parents sont véritablement coupables dans cette affaire, comme dans celle de "Maddie" la petite britannique qui a disparu au Portugal dans une situation quasi identique il y a un peu plus d'un an, mais c'est une des possibilités parmi des milliers d'autres ! Les apparences de vérité ne constituent pas la vérité. Souvenez-vous de Rashômon.
Les recherches sont interrompues : les services qui mènent les investigations n'ont rien en mains, n'accusent personne (voire disculpent), ne savent plus où aller. Comment le quidam moyen peut-il prétendre déternir la vérité selon sa simple impression, selon ce qu'il en lit dans les journaux ? C'est terrifiant ce manque de recul face à l'information, et ceci est démultiplié dès lors qu'il s'agit d'un enfant. Il y a quelques années, des magistrats dénonçaient même le fait que les viols commis sur les enfants étaient désormais plus lourdement sanctionnés que le meurtre.
Il est donc possible que l'enfant ait pris une place prépondérante dans notre société : avons-nous mauvaise conscience ? Soyons réalistes, qui voudrait avoir 5 ans dans le monde actuel ? Matraquage marketing permanent, culture kleenex, violences physiques et morales à chaque minute du jour, profond délitement des valeurs, destruction méthodique de l'environnement, marchandisation de la pauvreté (subprimes !) voire des hommes eux mêmes (esclavage moderne, exploitations sexuelles...).
Alors, dès que l'occasion se présente, on a envie de mettre un coup de barre "en faveur" des enfants, quelle que soit la vérité d'un dossier : on réclame la mort contre des personnes sans rien connaître des faits, juste parce que la décision serait exemplaire "si".
Voilà pourquoi j'avais envie, aujourd'hui, de dire "prudence", quelles que soient les vérités des affaires "Antoine d'Issoire" et "Maddie" : nous avons légitimement envie de connaître la vérité, mais il ne faut pas pour autant en "inventer" une pour pouvoir exiger des sanctions expiatoires du mal être de notre société.
Pour mémoire, un petit bout de l'article que j'avais publié sur mon ancien blog le 27 décembre 2007. Voir le film pour le dénoument de l'affaire :
Un cri dans la nuit (A cry in the dark), un film réalisé en 1988 par Fred Schepisi. L'histoire est relativement simple : un couple affirme que son bébé a été enlevé par un chien sauvage, un dingo, lors d'un barbecue nocturne dans l'Australie sauvage. Problème : personne ne les croit et la machine médiaco-judiciaire s'emballe contre eux.
Dans un sens, cette histoire me fait penser à celle des parents de Maddie McCann, la petite britannique qui a disparu en mai au Portugal, qui sont fortement suspectés d'avoir tué leur fille. Il existe beaucoup de similitudes entre les deux "affaires" (puisque un cri dans la nuit est inspiré d'une histoire vraie) : le couple est très croyant, il utilise les médias, les médias se retournent contre eux, l'opinion publique est partagée.