6 février 2010
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On vient de parler d'amputation, pourquoi ne pas continuer ? J'en avais entendu parler en écoutant "La tête au carré" du 26 janvier 2010, voilà qu'on commence à en savoir un peu plus : l'Institut national de recherches archéologiques préventives (INRAP) a découvert les traces de la plus ancienne amputation certaine connue à ce jour.
A Buthiers-Boulancourt, dans l'Ouest de la Seine-et-Marne et à la frontière avec le Loiret, l'INRAP est intervenu pour fouiller un ancien site néolithique (9 000 av. J.-C. - 3 300 av. J.-C.). Dans une des tombes découvertes, voir photographie ci-dessous, les archéologues ont découvert le corps d'un homme âgé inhumé avec des éléments d'offrandes (un cadavre d'animal, un pic de silex et une lame de hache).
Un élément est notable : le squelette découvert ne possède pas d'avant-bras gauche. Les archéologues pensent assez vite à une amputation car, d'une part, la tombe est intacte et cette "disparition" doit donc être antérieure à l'inhumation et, d'autre part, l'extrémité distale de l'humérus gauche présente une section très nette qui semble être d'origine traumatique.
Des examens radiographiques, puis microtomographiques, complétés par une reconstruction 3D de l'os ont permis de savoir plus précisément ce qui est arrivé à cet homme lorsqu'il était encore en vie : son avant-bras a été partiellement arraché par un acte traumatique (accident, coup de hache... ça, on ne le saura probablement jamais). Puis, une découpe volontaire a été pratiquée pour sectionner la partie osseuse encore en place. La reconstitution 3D révèle d'ailleurs quelques détails de l'intervention (bras en extension, rupture de l'os sur les derniers millimètres).
Des examens radiographiques, puis microtomographiques, complétés par une reconstruction 3D de l'os ont permis de savoir plus précisément ce qui est arrivé à cet homme lorsqu'il était encore en vie : son avant-bras a été partiellement arraché par un acte traumatique (accident, coup de hache... ça, on ne le saura probablement jamais). Puis, une découpe volontaire a été pratiquée pour sectionner la partie osseuse encore en place. La reconstitution 3D révèle d'ailleurs quelques détails de l'intervention (bras en extension, rupture de l'os sur les derniers millimètres).
Cette intervention chirurgicale, qui a été réalisée il y a 7 000 ans, a été réussie puisque l'homme n'est pas mort immédiatement après l'amputation. L'os présente en effet des traces de cicatrisation.
On ne peut qu'imaginer la prouesse médicale qui consiste à sectionner un os avec un lame en silex et dans des conditions de stérilité pas franchement propices. On se souviendra également que la population vivant sur ce site n'était composée que d'une poignée de familles agro-pastorales, et pas d'un regroupement de chirurgiens réputés dans toute l'Europe ;)
On peut se demander si ces hommes n'avaient pas déjà expérimenté cette intervention chirurgicale sur leurs animaux d'élevage avant de la transposer dans de bonnes conditions à un patient humain. A titre personnel, je doute que cette réussite ne provienne que d'un acte chirurgical d'urgence très chanceux, ne serait-ce que parce ce que les méthodes pour stopper une hémorragie ou pour assurer une complète asepsie pendant et après l'intervention sont des techniques médicales complexes qui ne sont pas innées. D'où cette interrogation sur une mise en pratique préalable...
On ne peut qu'imaginer la prouesse médicale qui consiste à sectionner un os avec un lame en silex et dans des conditions de stérilité pas franchement propices. On se souviendra également que la population vivant sur ce site n'était composée que d'une poignée de familles agro-pastorales, et pas d'un regroupement de chirurgiens réputés dans toute l'Europe ;)
On peut se demander si ces hommes n'avaient pas déjà expérimenté cette intervention chirurgicale sur leurs animaux d'élevage avant de la transposer dans de bonnes conditions à un patient humain. A titre personnel, je doute que cette réussite ne provienne que d'un acte chirurgical d'urgence très chanceux, ne serait-ce que parce ce que les méthodes pour stopper une hémorragie ou pour assurer une complète asepsie pendant et après l'intervention sont des techniques médicales complexes qui ne sont pas innées. D'où cette interrogation sur une mise en pratique préalable...
Plus d'informations :
Site internet de l'INRAP
Publication scientifique (en anglais)
Archéologie, à l'aube de la chirurgie (Le Monde, sous la plume de Pierre le Hir)
Crédits photographiques :
INRAP