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17 avril 2010 6 17 /04 /avril /2010 14:19

 

Il y a un peu plus de 30 000 ans, on se rappelle que nous avions laissé un groupe d'aurignaciens barbouiller les murs de la grotte de Chauvet, histoire qu'on puisse la découvrir en 1994 et faire quelques photos sympas.

 

Jusqu'en mars 2010, les scientifiques envisageaient que 3 espèces "humaines" cohabitaient sur la planète aux environs de 40 000 ans avant notre ère :


- Nos ancêtres directs, les homo sapiens.

- Nos cousins disparus, les néandertaliens.

- D'autres cousins disparus, vivant uniquement sur une île indonésienne, les hommes de Florès.

 

On avait d'ailleurs vu quelques images de ces gens sur mon blog.

 

En 2008, une équipe russe, qui fouille une grotte plutôt fertile sur le plan de l'archéo, trouve une phalange de petit doigt qui semble avoir appartenu à un enfant vivant il y a environ 40 000 ans. Rien de bien révolutionnaire dans cette découverte, mais en s'interrogeant sur l'espèce à laquelle appartenait cet enfant, sapiens ou néandertal, l'équipe fait procéder à une identification de l'ADN. Et là, ça se complique...


La séquence génétique est en effet très différente de celle des homo sapiens et de celle des néandertaliens. Les conclusions, publiées en mars 2010 dans Nature, supposent donc la découverte d'une nouvelle espèce d'hominidé, contemporaine mais distincte des homo sapiens et des néandertaliens. Cette nouvelle espèce, dont l'enfant de Denisova est le premier spécimen identifié, aurait donc vécu du côté de la Sibérie, il y a 40 000 ans environ. Le premier ancêtre commun aux trois espèces serait ancien de... près d'un million d'années !


Pas sûr que la découverte soit définitive, mais deux choses sont notables :


- nous décomptons désormais 4 espèces connues d'hominidés pour un passé relativement proche alors qu'il y a une paire de dizaine d'années à peine nous avions encore du mal à admettre les néandertaliens comme nos parents.


- les progrès de la science en matière de génétique vont certainement nous conduire à une explosion du nombre de découvertes dans les mois et années à venir. Pour l'enfant de Denisova, c'est l'exploitation de l'ADN des mitochondries, procédé récent, qui a conduit à cette découverte. La source est moins complète que de l'ADN contenu dans le noyau des cellules, mais elle se conserve mieux et semble se trouver en plus grande abondance.   


  L'odyssée de l'espèce, rencontre entre sapiens et néandertal (0'59)


14 février 2010 7 14 /02 /février /2010 10:00

Les récents articles publiés sur mon blog au sujet de l'amputation ont troublé la sensibilité de certains lecteurs. Pour se remettre de leurs émotions, ils se sont précipités pour revoir leurs DVD de Crash et de La mouche et il parait qu'ils se sentent beaucoup mieux. Ouf !

Pour surmonter l'horreur générée par la lecture de ces articles "chirurgicaux", je vous propose donc une petite page de détente en regardant un épisode, issu d'une série qui était diffusée à la télévision il y a longtemps,  qui met en scène deux petits chats en pâte à modeler.

L'épisode raconte la rencontre entre les chats (un rouge, un blanc) avec des fourmis.



12 février 2010 5 12 /02 /février /2010 21:10


Rendez donc à César ce qui est à César
et à Dieu ce qui est à Dieu.
(Matthieu, XXII, 21)


"Il faut rendre à César ce qui appartient à César" est une expression courante pour signifier qu'il faut savoir attribuer le mérite d'une chose à son seul auteur.

Néanmoins, on oublie deux choses au sujet de cette expression. La première, c'est qu'elle est directement tirée du nouveau testament et que son auteur n'est autre que Jésus Christ. La seconde, et non des moindres, est que la phrase complète signifie... tout autre chose ;) Voyez plutôt.

Contexte : Jésus a commencé à rependre son message en Palestine et attire l'attention sur lui. Les Pharisiens, qui voient en Jésus un agitateur, décident de lui tendre un piège. Ils se présentent à lui et lui demandent s'ils doivent payer le tribut demandé par la Romains (un impôt d'occupation).

Jésus comprend que c'est un piège qu'on lui tend là : s'il répond que l'on ne doit pas payer le tribut aux Romains, il sera immédiatement dénoncé comme agitateur (les terroristes de l'époque ) aux autorités et sera probablement condamné comme tel. A l'inverse, s'il répond qu'il faut payer le tribut aux Romains, il perdra de sa magnificence, le fils de Dieu étant lui aussi obligé de se soumettre aux lois de l'occupant.

Jesus et le pharisien pièce César
Jésus prend l'initiative de répondre aux Pharisiens et leur demande de lui présenter une pièce de monnaie (voir illustration). Une fois la pièce en main, il demande à qui appartient le portrait frappé sur la pièce. C'est celui de César, l'empereur romain. Et Jésus de répondre : "Rendez donc à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu".

Dans sa réponse, Jésus sépare le monde des hommes du monde de Dieu. Il convient de payer le tribut romain puisque les lois prévoient que ce tribut doit être versé. Néanmoins, il revient aux hommes de connaître leurs débiteurs : s'ils relèvent de l'administration temporelle d'un pouvoir politique, il n'en reste pas moins qu'ils relèvent également d'une administration spirituelle, celle de Dieu. Ces deux pouvoirs sont coexistants et doivent être respectés individuellement.

L'idée de séparation du temporel et du spirituel perdure dans l'histoire occidentale, au cours de laquelle par exemple le pouvoir temporel (Roi) cohabitait avec le pouvoir spirituel (Église). Désormais, l'incarnation de la dualité est plus subtile, mais on en trouve trace, par exemple, dans le principe de laïcité qui édicte que l'Etat est indépendant des religions pratiquées sur son territoire et ne saurait s'adapter à elles ou en influencer l'exercice.

Texte initialement publié le 18 octobre 2007 sur mon précédent blog.


6 février 2010 6 06 /02 /février /2010 09:58

On vient de parler d'amputation, pourquoi ne pas continuer ? J'en avais entendu parler en écoutant "La tête au carré" du 26 janvier 2010, voilà qu'on commence à en savoir un peu plus : l'Institut national de recherches archéologiques préventives (INRAP) a découvert les traces de la plus ancienne amputation certaine connue à ce jour.

A Buthiers-Boulancourt, dans l'Ouest de la Seine-et-Marne et à la frontière avec le Loiret, l'INRAP est intervenu pour fouiller un ancien site néolithique (9 000 av. J.-C. - 3 300 av. J.-C.). Dans une des tombes découvertes, voir photographie ci-dessous, les archéologues ont découvert le corps d'un homme âgé inhumé avec des éléments d'offrandes (un cadavre d'animal, un pic de silex et une lame de hache).

Amputation Néolithique

Un élément est notable : le squelette découvert ne possède pas d'avant-bras gauche. Les archéologues pensent assez vite à une amputation car, d'une part, la tombe est intacte et cette "disparition" doit donc être antérieure à l'inhumation et, d'autre part, l'extrémité distale de l'humérus gauche présente une section très nette qui semble être d'origine traumatique.

Des examens radiographiques, puis microtomographiques, complétés par une reconstruction 3D de l'os ont permis de savoir plus précisément ce qui est arrivé à cet homme lorsqu'il était encore en vie : son avant-bras a été partiellement arraché par un acte traumatique (accident, coup de hache... ça, on ne le saura probablement jamais). Puis, une découpe volontaire a été pratiquée pour sectionner la partie osseuse encore en place. La reconstitution 3D révèle d'ailleurs quelques détails de l'intervention (bras en extension, rupture de l'os sur les derniers millimètres).

détail de l'humérus amputé

Cette intervention chirurgicale, qui a été réalisée il y a 7 000 ans, a été réussie puisque l'homme n'est pas mort immédiatement après l'amputation. L'os présente en effet des traces de cicatrisation.

On ne peut qu'imaginer la prouesse médicale qui consiste à sectionner un os avec un lame en silex et dans des conditions de stérilité pas franchement propices. On se souviendra également que la population vivant sur ce site n'était composée que d'une poignée de familles agro-pastorales, et pas d'un regroupement de chirurgiens réputés dans toute l'Europe ;)


On peut se demander si ces hommes n'avaient pas déjà expérimenté cette intervention chirurgicale sur leurs animaux d'élevage avant de la transposer dans de bonnes conditions à un patient humain. A titre personnel, je doute que cette réussite ne provienne que d'un acte chirurgical d'urgence très chanceux, ne serait-ce que parce ce que  les méthodes pour stopper une hémorragie ou pour assurer une complète asepsie pendant et après l'intervention sont des techniques médicales complexes qui ne sont pas innées. D'où cette interrogation sur une mise en pratique préalable...


Plus d'informations :

Site internet de l'INRAP

Publication scientifique
(en anglais)
Archéologie, à l'aube de la chirurgie
(Le Monde, sous la plume de Pierre le Hir)


Crédits photographiques :

INRAP


30 janvier 2010 6 30 /01 /janvier /2010 10:00

Un article publié sur Le Monde.fr qui nous donne quelques informations sur la médecine de guerre pratiquée, peut être de manière un peu précipitée, sur les blessés haïtiens.

A Port-au-Prince, des amputations par milliers...
sous la plume de Annick Cojean, 30 janvier 2010

Extrait : Sophie Grosclaude, une jeune chirurgienne orthopédiste française, engagée dans la Chaîne de l'Espoir, opère à la clinique Lambert, à Pétionville, dans la banlieue de Port-au-Prince. Elle non plus ne mâche pas ses mots. Elle revient "effarée" d'une discussion avec un chirurgien américain rencontré à l'hôpital israélien, qui pliait bagages. "Je lui racontais que pour réparer les fractures, je faisais exactement comme en France, en posant des clous et des fixateurs externes dont on dispose désormais en grand nombre." Et alors ? "Il trouvait ça fou ! Il me disait: “A quoi bon ? Ce pays est trop pauvre. Il n'y aura pas de suivi médical sérieux de vos patients. C'est tellement plus simple de les amputer. C'est propre, définitif…”"

Je crois que la question de fond, celle de la pratique d'une médecine de guerre ou d'une médecine à l'occidentale, se pose assez justement, même si l'article semble en douter.