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Lectures 2017

Paul Veyne - Les Grecs ont-ils cru à leurs mythes ?
Guy de Maupassant - Yvette
Guy de Maupassant - Contes divers
Guy de Maupassant - Contes du jour et de la nuit
Hermann Hesse - Demian
Hermann Hesse -  Le loup des steppes
Comtesse de Ségur - Les malheurs de Sophie
Pierre Lemaître - La robe de marié
Eric Dupond-Moretti - Directs du droit

Dan Millman - Le guerrier pacifique
 

1 juillet 2017 6 01 /07 /juillet /2017 16:40

 

C'est il y a 100 ans, en juillet 1917, qu'Howard Phillips Lovecraft a rédigé la nouvelle Dagon, la première qui sera publiée, deux ans plus tard, dans la revue Weird Tales.

 

 

La nouvelle Dagon lue par un francophone passionné par Lovecraft

 

 

"Quand vous aurez lu ces pages hâtivement griffonnées, vous pourrez imaginer, même sans le savoir vraiment, ce qui me contraint soit à l’oubli, soit à la mort"

 

 

Source de l'illustration

 

 

"Je ne peux imaginer les profondeurs de la mer sans trembler aux choses sans nom qui à ce moment précis peuvent y ramper et patauger dans leur lit de vase, adorant leurs anciennes idoles de pierre et sculptant leurs goûts détestables dans les obélisques de granit gluant d’algues"

 

18 octobre 2015 7 18 /10 /octobre /2015 06:25

Il y a deux jours, j'ai découvert la plateforme padlet.com qui permet de créer et de partager des publications, y compris en mode collaboratif, sur internet.

 

Le mode de création, qui se réalise via un mur, est très intuitif : on travaille en faisant glisser du contenu (images, vidéos, sons...), on crée librement des blocs de texte, on les déplace selon nos envies.

Et si nous testions un article interactif ?

Je découvre complètement mais je suis séduit par cette liberté, bien moins encadrée sur le plan technique que la publication de billets sur un blog, et qui permet en plus de donner le droit aux visiteurs (à vous donc) d'ajouter ses propres contributions ou de modifier celles existantes.

 

Comme j'ai bien envie de tester ce que propose padlet mais sans pour autant quitter le cadre "blog" ou pouvoir directement intégrer quelque chose ici, je vous invite à consulter le mur que je viens de créer et sur lequel je vous propose que nous échangions sur les rêveries du promeneur solitaire de Rousseau. Vous ne connaissez pas l'oeuvre, vous avez peur de dire des âneries ? On s'en moque, je la découvre aussi et on peut parfaitement échanger des informations sur le sujet sans pour autant être des spécialistes ; libres à vous, donc, de venir contribuer doctement ou en partageant simplement vos quelques découvertes sur le sujet (liens, images, impressions...).

 

Notez bien qu'à la date de la présente publication le mur ne comporte pas beaucoup de contenu : je l'actualiserai au fur et à mesure de mes propres découvertes sur l'oeuvre, il ne faut donc pas hésiter à régulièrement aller voir sur place ce qui se passe !

 

Si tout va bien, cela se passe ici :
http://fr.padlet.com/comprendre/8i1lqj091on8

 

15 août 2015 6 15 /08 /août /2015 17:22

On y est, une nouvelle année écoulée.

 

Le ciel est sombre depuis novembre, une parenthèse triste est ouverte, nous attendons.

 

J'ai plutôt tenu la barre par rapport aux lectures annoncées l'an dernier. J'ai beaucoup aimé Mort à crédit et mémoires de deux jeunes mariées. Un peu déçu par la biographie de Fouché par de Wareschiel (qui a été handicapé par le manque de sources je pense, et peut-être par son rapport au personnage historique).

Beaucoup de lectures au format numérique : epub reçoit mon adhésion même si, je crois, le modèle économique des livres économiques est à revoir compte tenu des coûts ahurissants pratiqués pour des biens non matériels.

 

Pour l'année à venir, je pense lire en plus grand nombre, viser la quantité donc, avec une exigeance moindre pour le choix des oeuvres, en tout cas avec un prisme de sélection plus large et plus contextuel (prendre ce qui passe, pour voir).

 

J'ai déjà mis de côté :

- Veronika décide de mourir de Paulo Coelho

- François Mitterrand de Michel Winock

 

Une année catastrophique sur plan cinéma car j'ai vu très peu de films ; assez peu de séries même, mais pas mal de reportages visionnés, pas sûr que cela compense.

 

Rien de très intéressant sur le plan musical, rien (de nouveau) à faire partager en tout cas.

 

Difficile de dire où on en sera dans un an, l'idée est de tenir la barre et de garder les pieds bien ancrés dans le sol, je sens que cela va souffler assez fort.

1 mai 2014 4 01 /05 /mai /2014 13:11

Quand j'ai eu perdu ma pauvre défunte, j'allais dans les champs pour être tout seul ; je tombais au pied d'un arbre, je pleurais, j'appelais le bon Dieu, je lui disais des sottises ; j'aurais voulu être comme les taupes, que je voyais aux branches, qui avaient des vers leur grouillant dans le ventre, crevé, enfin. Et quand je pensais que d'autres, à ce moment-là, étaient avec leurs bonnes petites femmes à les tenir embrassées contre eux, je tapais de grands coups par terre avec mon bâton ; j'étais quasiment fou, que je ne mangeais plus ; l'idée d'aller seulement au café me dégoûtait, vous ne croiriez pas. Eh bien, tout doucement, un jour chassant l'autre, un printemps sur un hiver et un automne par-dessus un été, ça a coulé brin à brin, miette à miette ; ça s'en est allé, c'est parti, c'est descendu, je veux dire, car il vous reste toujours quelque chose au fond, comme qui dirait... un poids, là, sur la poitrine ! Mais, puisque c'est notre sort à tous, on ne doit pas non plus se laisser dépérir, et, parce que d'autres sont morts, vouloir mourir... Il faut vous secouer, monsieur Bovary ; ça se passera ! Venez nous voir ; ma fille pense à vous de temps à autre, savez-vous bien, et elle dit comme ça que vous l'oubliez. Voilà le printemps bientôt ; nous vous ferons tirer un lapin dans la garenne, pour vous dissiper un peu.

 

Gustave FLAUBERT, Madame Bovary (1856), première partie, III


Jean-Louis FORAIN - Le veuf

Jean-Louis FORAIN, Le veuf, huile sur toile, musée d'Orsay (INV 20053)

 

Duran Duran - Perfect Day (3'50)

 

 

 

 

 

 

De belles paroles prononcées par le père d'Emma ROUAULT à l'attention de Charles BOVARY, son futur gendre. Toutefois, ces paroles de réconfort et cette invitation à se ressaisir ont une visée stratégique, celle de rapprocher le médecin de la demoiselle, et font peser un sérieux doute sur l'empathie réelle de cet homme. Paradoxe néanmoins puisque le père ROUAULT était effectivement amoureux de sa femme, conserve une nostalgie de sa vie conjugale, ce qui laisse supposer qu'il livre une histoire véridique, ouvrant son âme au médecin en relatant sa douleur passée, mais avec pour seul but de le manipuler. Une attention très intéressée en somme.

 

Une métaphore du temps qui passe et contribue au deuil, à retenir, probablement : [...] tout doucement, un jour chassant l'autre, un printemps sur un hiver et un automne par-dessus un été, ça a coulé brin à brin, miette à miette [...]

27 juillet 2013 6 27 /07 /juillet /2013 11:35

 

 

Après Narcisse et Goldmund, Suite(s) impérale(s), ne craignant ni les orages d'été, ni bison fûté, ni les après-midi estivales de repassages sous les combles avec un pull et des moufles, D&D et moi avons décidé d'engager une nouvelle lecture croisée :

 

Christine Angot - Une semaine de vacances

Christine Angot - Une semaine de vacances

 

 

comprendre - Pas sûr de ce que je vais lire, du plaisir que je vais y prendre ; un livre qui manifestement a divisé les lecteurs, plutôt contre lui d'ailleurs, enfin il m'a semblé.

 

D&D - J'en suis au premier tiers. Le livre est très court. Mon premier "étonnement" est là : ce sera la première fois, depuis L'Inceste, que je ne lirai pas un livre de Christine Angot "d'une traite", ou tout comme. Cela ne m'est pas possible. J'ai l'impression : parce que je ne trouve pas de "refuge". Il y a la restitution précise d'un mécanisme de violence et rien pour se raccrocher, au sens reprendre de l'air, ou c'est ma première impression : rien comme par exemple une échappée émotionnelle (je ne dis surtout pas qu'il faudrait le faire, mais c'est évident que ça "dépressuriserait"), ou rien comme une attraction pour la "forme" de l'écriture. Je trouve ça très difficile à lire. Maintenant je lis comment ça commence pour toi.

 

comprendre - Le lecteur subit la pression permanente de cette relation à sens unique, ou quasi unique, je comprends parfaitement l'étouffement que tu as pu ressentir au fil des pages et ton souhait de faire une pause en repassant IRL.

 

comprendre - A la lecture des premières pages, on se dit qu'il vaut mieux connaître le contenu de ce livre avant de l'offrir, disons à sa belle-mère ou à sa cousine. Le style est précis, abondant en détails mais sans pour autant créer une impression d'inventaire. Le malaise s'installe assez vite par rapport à la relation entre l'homme et la femme, des indices progressifs nous font comprendre que quelque ne va pas : une épouse, des maîtresses nombreuses évoquées sans tabou, une contrainte latente, une action mécanique, presque rationnelle, dans l'activité sexuelle côté amante. Et puis se pose carrément la question d'un inceste, celui dont nous serions, sans le savoir, témoins depuis la première ligne du roman (la curieuse association jambon / lunette des toilettes). L'âge est d'ailleurs abordé très originalement au départ, sous l'angle des lectures de la narratrice (Gilbert Cesbron, Yvanhoé - avant qu'il ne soit trop tard). Et puis on se remémore les indices croisés dans les premières pages sur la description physique de la femme, la taille de sa bouche, ses formes... Femme-enfant ou enfant ? Le doute est moins permis lorsque se profilent des liens de parentalité et l'inexpérience sexuelle. La certitude commence à l'emporter sur le doute à la page où je suis rendu.

 

Citation : D’un mouvement brusque, il se lève. Il est debout sur la descente de lit. Sur ses deux pieds. Il se dirige vers l’armoire. Dans laquelle il attrape un pantalon, une chemise, un pull, et il sort de la chambre, à pas bien sentis. Il se dirige vers la salle de bain, et lui crie, du couloir, d’une voix sèche, très nette, qu’il va être obligé de rentrer plus tôt que prévu, car il a du travail. Il lui avait dit qu’il n’était pas sûr de pouvoir rester en vacances toute la semaine. Elle lui demande s’il est sûr que ça fait moins mal avec de la vaseline.

 

D&D - Qu'on ne sache pas tout de suite qu'on est dans une situation d'inceste me semble très bien. Ça aussi, ça empêche un "refuge". Comment dire... j'ai l'impression que d'une certaine manière si on commence en disant c'est un inceste, il y a toujours le risque de mettre la situation dans une case, de ne plus la voir pour ce qu'elle est. Comment ne pas tout suite raccrocher à une telle situation ce qu'on croit déjà savoir sur elle ? J'ai du mal à m'expliquer, mais ça (me) permet ça. Là, j'ai l'impression d'être confronté "pour de bon" à la situation. Par ailleurs, ça permet aussi d'approcher un mécanisme de violence qui n'est pas "réductible" à l'inceste. Ce truc de nier l'autre. Je sais pas, c'est compliqué !

 

comprendre - Je crois t'avoir suivi, on est plongé dans cette relation malsaine sans préparation, au même titre que la victime a dû l'être "au fil de l'eau", on se familiarise progressivement, "embarqués". Il y a peu de violences physiques, juste lorsqu'il est question d'accélérer un peu une situation sexuelle dans laquelle la fille n'adhère pas vraiment, elle est surtout psychologique cette violence, et constante. C'est bien, effectivement, de découvrir la situation sur laquelle n'est pas calqué qu'on pense pouvoir/devoir trouver dans ces schémas, voire à regretter de ne pas trouver (mais si, tu sais les images d'Epinal du genre la petite fille qui pleure assise sur son lit en serrant son doudou dans une pièce éclairée par une porte de chambre entrebaillée, ou encore la petite fille qui regarde de biais dans le vague... tiens, des trucs comme ça, ça ou encore ça). Tout à fait d'accord pour la négation de l'autre, elle est devenue une extension de lui dans un sens, asservie et soumise. Il est d'ailleurs tellement sûr de son emprise complète sur elle qu'il lui révèle même des vérités jusqu'alors cachées (le fait d'avoir tuer un piéton et de s'être enfuit).

 

comprendre - C'est l'histoire d'une fille seule, qui a soif de culture et d'attention. C'est l'histoire d'un homme narcissique, obsédé par le sexe et manipulateur. Le second rencontre la première et la domine, l'exploite, l'utilise, la nie. Nous sommes invités à lire quelques jours condensés du calvaire. On peut avoir de l'empathie pour elle, dont on ne saurait rien si ce n'est ce à quoi on l'a reléguée, car elle compose au mieux face à une situation qu'elle subit docilement. On ne peut non plus que difficilement lui donner une part de responsabilité car elle semble très jeune, même si ce n'est pas aussi certain que je ne le croyais au premier tiers du livre, en tout cas au moins sur le plan de son développement (constuction personnelle et expérience de la vie). Ma conclusion de la lecture est globalement positive, principalement pour la qualité de l'écriture et la maîtrise des arcanes de cette relation incestueuse (dans sa terminologie légale et/ou psychologique). L'homme est détestable à souhait, haïssable sans être excessivement carricaturé. Le titre du livre est parfait.

 

D&D - (Le livre est terminé). Je suis très impressionné. Je le relirai un peu plus tard. Je n'ai pas d'avis sur le fait que ce puisse être un grand livre ou non mais je le trouve très important. Depuis, j'ai essayé de trouver quelques propos de l'auteur sur ce travail et voici deux extraits qui m'ont beaucoup parlé :

 

Vous souvenez-vous avoir décidé d'écrire ce livre ?

Oui, je m'en souviens, à un moment précis s'est concrétisée clairment pour moi l'idée que, même si elle est connue de tous, la dimension sexuelle de l'inceste n'est pas sue, que les gens ne "réalisaient" pas. Ils ne savent pas, parce que c'est trop compliqué à savoir. C'est juste une fino, c'est rien, ça n'existe pas. Ils ne voient pas ce que ça veut dire. Cela vaut de manière plus générale pour le sexe, dans une société qui pourtant prétend en connaître un rayon, être affranchie, à l'aise, en plaisanter de toutes sortes de façons, avec de plus en plus de libéralisme nous dit-on.

 

Et

 

Et, pendant tout le courant de l'écriture, une des choses que j'ai recherché le plus, c'est que la perception de la jeune fille soit toujours claire pour le lecteur. Mais qu'en même temps rien ne lui soit demandé à elle, et que le fait qu'elle ne parle pas soit préservé. Vous connaissez la grande phrase : "Ah mais il faut le dire, parlez-en, la la la la..." C'est ridicule, ça n'existe pas. C'est la transformation de toute une société en agent de police qui permet une injonction comme celle-là. Il faut au moins laisser à cette jeune fille la possibilité de ne rien dire, elle ne se trouve pas dans une situation où elle serait capable de produire une parole sociale puisque c'est ce qu'on lui demande. Je voulais qu'on puisse le comprendre. Lorsqu'on cherche à expliquer ça, on n'y arrive pas, quand on veut dire que la question de la parole, du consentement, et tout ça, ça ne marche pas, on s'emmêle les pinceaux. C'est juste impossible. Et cette impossibilité-là, il fallait bien que quelqu'un à un moment donné l'exprime. Tout ce qu'ils sont capables de dire, c'est qu'elles se sentent coupables... Il faut arrêter avec ça. Avec ces trucs psychologisants de très bas étages. On n'est pas du tout là-dedans, on est dans une absorption par le néant, on est dans quelqu'un en train d'être tué. C'est ça que j'essayais d'écrire, c'est comment quelqu'un qui est en train d'être tué se sent. J'ai compris en écrivant ce livre pourquoi ça s'appelait crime, ce truc-là. Il y a tout un tas de mots comme ça, tout un tas de mots qui existent et dont on pense que ce sont des formes vides, mais non. J'ai voulu montrer de quoi c'était plein.

 

 

THE END