8 avril 2009
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Une bien étrange tradition veut que les blogueurs se "taguent" les uns les autres. Il s'agit de répondre à des questions pour donner un aperçu de sa personnalité (ça intéresse vraiment quelqu'un ?).
Petites fleurs joyeuses pour égayer ce blog - Fleurs d'un cerisier du Japon On me demande mes trois livres préférés, les trois endroits où je rêve d'aller, les trois défauts que je trouve rédhibitoires et les trois qualités que je trouve essentielles. Commençons par exclure les deux premières questions : mon livre préféré est celui que je n'ai pas encore lu et les endroits où je rêve d'aller sont dans le passé. Les deux autres questions sont très intéressantes : quels sont les défauts et les qualités qu'un homme se doit d'avoir ? Joli sujet de philosophie, comment l'homme devient-il un homme ?
Essayons de répondre par une démarche logique (et "sur le pouce"). L'homme se doit de vivre en collectivité (le présupposé de l'être humain est qu'il est un animal social et qu'il ne peut, sans lutter contre sa nature, être indépendant). Donc la première qualité qu'il doit avoir est le sens des relations humaines. Pratiquement, il se devra d'être constant dans sa relation à autrui, calme, capable d'écoute, honnête et oeuvrer pour le bien de sa collectivité. L'homme se doit ensuite de faire quelque chose de sa vie (supposons, pour l'exercice, que l'objectif d'une vie est d'en faire quelque chose). Il devra donc être ouvert à autrui et au monde, être curieux, positif, persévérant et dynamique. L'homme devra enfin avoir une conduite morale pour ne pas laisser à la postérité un nom, le sien et celui de sa descendance, entaché de déshonneur. La gamme des qualités est donc très large, et fluctuante selon les sociétés ou les époques. Disons que l'esprit de justice, la droiture, la compassion et la générosité pourraient être un bon début. Dès lors qu'on a "défini" les qualités, il suffit de prendre leurs contraires pour en tirer les défauts. CQFD. C'est bon pour vous, Monsieur Antiochus ? ;) Allez, un petit bonus... Les sept vertus du Bushido : Droiture, Courage, Bienveillance, Respect, Honnêteté, Honneur, Loyauté. Globalement, on retrouve ce que j'ai énoncé. A lire : les vertus sur wikipedia.
Et il y a quelques mois, j'écrivais que l'humilité et la lucidité me paraissaient être les deux principales clés contribuant à la naissance d'une conduite vertueuse.
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2 janvier 2009
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15:45
Fuir est un verbe qui signifie s'éloigner rapidement pour échapper à.
La tradition européenne assimile la fuite à une preuve de faiblesse : l'homme qui fuit est supposé être lâche et doit être méprisé. Fuir un combat est assimilé à une défaite : faute de combattre, on consent la victoire à l'adversaire.
Dans la langue française, fuite, fuyard, fuyant ou s'enfuir sont des termes connotés négativement.

Or, la fuite est une technique de combat : en évitant la défaite, l'homme qui fuit poursuit le combat. Le stratège nous apprend que la reddition est une défaite complète, le ralliement une semi-défaite et la fuite une non-défaite.
Fuir peut parfois être une nécessité : lorsque les conditions sont défavorables, le report de l'affrontement est le seul choix acceptable pour conserver une chance de victoire.
Fuir peut également servir de stratégie en combat : fuir devant l'ennemi renforce son orgueil, le pousse à la faute en le trompant tant sur ses forces que sur celles de son adversaire.
Penser autrement...
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26 octobre 2008
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La peur produit des effets sur le corps humain : elle a un effet physiologique. Dans la situation de tension qui a été générée par la peur, le cerveau commande la production d'une molécule qui porte le nom d'adrénaline. Le rôle de l'adrénaline est de porter un message, véhiculé par le sang, à certains organes du corps. Ce rôle de "messager" est désigné sous le nom d'hormone. L'adrénaline produit des effets sur le coeur : accélération du rythme cardiaque, renforcement de la contraction. S'en suit donc une augmentation de la pression artérielle (le sang circule plus vite et plus fort dans l'organisme). L'effet est une sur-alimentation des muscles en oxygène. Les poumons se dilatent pour permettre l'augmentation du taux d'oxygène dans le sang : la respiration s'accélère. Le système sudoral (la sueur) s'enclenche et produit de la sueur pour abaisser la température du corps. D'autres effets, moindres, sont générés : dilatation des pupilles, mobilisation des graisses, développement de l'acuité cérébrale. Comme vous le voyez, les effets cliniques engendrés indirectement par la peur sont nombreux. Mais surtout, ces effets sont automatiques et involontaires ! L'instinct prend le pas sur le conscient dans une situation de peur. On dit que c'est un mécanisme "inné", qui est inscrit dans nos gènes.
A l'origine, ce mécanisme "de protection" a pour objet de permettre au corps de produire un effort important pour faire face au danger qui a généré la peur. En se plaçant en situation d'effort intense, le corps facilite la fuite (course). Notons à ce propos que nous sommes donc "programmés" pour fuir le danger, pas pour l'affronter. Ah, ces Grecs avec leurs mythes héroïques ! Des hommes capables de prendre le pas sur leurs peurs primales et de devenir des sur-hommes ou héros. Mais ce mécanisme physiologique "de protection" est bien souvent inutile de nos jours : le risque de se faire attaquer par un "dents de sabre" ou d'être la proie du meute de loups est plutôt réduit. Le danger existe toujours, au détour d'un carrefour automobile ou d'une agression physique par exemple, mais le mécanisme de protection a tendance à se déclencher y compris pour des situations banales, ressenties comme un danger potentiel du fait du stress qu'elles génèrent : prise de parole en public, entretien professionnel, déclaration amoureuse... L'appréhension des conséquences déclenchent la peur et tout ce qui va avec. Il semblerait qu'il soit possible de "canaliser sa peur" par l'analyse rationnelle des faits pour limiter, voire annuler, le sentiment de peur qui leur sont associés. La mise en situation est un élément qui contribue à rationaliser l'approche d'une situation (caresse donc l'araignée, elle ne va pas te manger...). C'est également le cas pour les peurs lourdes, dénommées phobies (peurs extrêmes et incontrôlées pour schématiser). Les malades (car la phobie est une maladie) doivent prendre conscience de l'inadéquation entre ce qui (réel) est et ce qui perçu (ressenti) de manière à accepter que ce dont ils ont peur n'est pas un danger (c'est très simplifié car un travail psychanalytique parallèle est mené pour démonter le mécanisme mental qui a construit la phobie).
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25 octobre 2008
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Souvenons-nous qu'une passion (pathos) est subie par le corps.
La peur est une passion : l'étymologie même du nom renvoie à une forme de passivité, pavorem, qui signifie "être frappé". La peur est liée à un contexte, qu'il s'agisse de l'environnement direct ou d'une simple idée. La peur est principalement une émotion génératrice : elle est le point de départ de la production de nombreuses substances chimiques dans notre corps et d'idées dans notre esprit. Ce sont ces effets produits par la peur qui forment ce sentiment désagréable, de malaise, que nous qualifions improprement de "peur". En soi, la peur est plutôt une réaction positive : elle génère la prudence ou l'attention face à une situation potentiellement dangereuse, elle permet au corps de se mettre en condition de fuir très vite (adrénaline, mobilisation des graisses...). En un mot, la peur est un processus de protection de notre intégrité et un mécanisme de prévention face à un risque potentiel.
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21 octobre 2008
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Article initialement publié sur mon blog précédent le 02 septembre 2007
Ulysse résiste au chant des sirènes
Passion est passivité de l'âme et activité du corps.
René Descartes
J'ai vu rouge. J'ai agi sous le coup de la colère. J'ai pété les plombs. Je ne maîtrisais plus rien. J'étais hors de moi. J'étais fou de rage. Je l'ai tué par amour. Toutes ces phrases ont un point commun : une émotion a piloté un acte. J'aime à penser que c'est la raison qui gouverne nos actes. Au quotidien, nous prenons les décisions et nous agissons dans notre intérêt (personnel ou collectif). Notre libre arbitre nous permet de faire ce que notre raison estime être le bien.
L'émotion, elle, n'a aucune dimension raisonnable, elle pilote les décisions et les actes sans que l'âme n'ait son mot à dire. Décide-t'on de tomber amoureux, d'être déprimé, d'être joyeux, d'être haineux ? Non, au même titre que la raison n'a pas son mot à dire lorsque la main se retire par réflexe d'une plaque brûlante, la raison reste passive face aux émotions.
Dans la tradition philosophique, l'émotion se désigne par le terme de passion (pathos pour les Grecs). L'émotion est subie par le corps, elle est passive. La raison anime le corps, elle est active.
Les neurosciences nous font découvrir progressivement le poids de la génétique. Les romantiques s'exaltaient du sentiment amoureux là où l'on découvre une succession de production et de transmission de messages chimiques (hormones, phéromones) et une primalité de reproduction de l'espèce. Le bon partenaire est celui qui affiche sa fécondité et une capacité à protéger sa progéniture, tant par sa force que par son patrimoine génétique (nous sommes attirés par les individus disposant d'un système immunitaire différent du nôtre, on est bien loin du coup de foudre romantique, n'est-ce pas ?). Douloureux constat : nous sommes toujours des animaux, c'est le poids de notre évolution génétique, que nous l'acceptions ou non.
La raison (logos chez les Grecs) permet d'agir en mobilisant nos savoirs et nos valeurs. L'action raisonnée est réputée éclairée et juste. Bien entendu, elle peut être détournée pour agir pour le "mal" comme par exemple pour porter préjudice à autrui à des fins narcissiques ou égoïstes. Néanmoins, l'action est choisie et accomplie "froidement", sous la seule impulsion de la raison.
Aussi, la raison et la passion sont deux sphères opposées sur le plan philosophiques et physiologiques. L'une est active, l'autre est subie. L'interaction entre les deux, c'est la modération : la raison peut atténuer les passions sans toutefois, du moins à mon sens, les faire disparaître. L'homme qui surprend son épouse aimée dans le lit de son amant subira immédiatement un flot de passions (haine, culpabilité, trahison, amour, destruction) qu'il pourra immédiatement raisonner par la mobilisation de sa conscience (détermination des possibles, mise en perspective des évènements, refus de l'impulsion). L'action passionnée pourra déboucher sur un acte destructeur (homicide), sur une extériorisation du trop plein de passions (hurlements, coups, effondrement psychologique...). A l'inverse, une action objectivement raisonnée conduira à une communication sereine, quelle que soit le contenu du message transmis et des décisions exprimées.
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