14 juin 2009
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"Dimanche 14 juin : par ici les globules" titre le site internet du quotidien "Le Monde".
Un grand élan solidaire, "festif et ludique", pour sauver des gens. "Son objectif est de faire la fête autour de ce geste simple, généreux et solidaire qu’est le don du sang" dixit le site internet dédié.
Par contre, Messieurs les homosexuels, vous n'êtes pas les bienvenus, passez votre chemin.
Car ce que le battage médiatique (campagne de presse, publicité à la télévision, un site internet dédié...) oublie de nous dire, c'est que les dons de sang sont toujours interdits aux homosexuels masculins. "Population à risque" nous explique-t-on.
Comme pour l'Hadopi, l'administration française nous sert une culpabilité "a priori" : si vous êtes un homosexuel masculin, vous présentez plus de risques d'être porteur du VIH et donc nous n'avons pas besoin de votre sang. Sauf que là, pas de logiciel espion implanté dans son corps pour "prouver" que l'on est sain, ou que l'on est fidèle, ou que le rapport homosexuel d'il y a vingt ans ne vous a pas transformé en créature démoniaque.
Cette histoire de don du sang est donc d'un ridicule sans nom : l'homosexuel masculin qui s'assume sera considéré comme un pestiféré, l'homme marié qui fréquente régulièrement (mais discrètement) les lieux de rencontres homosexuels, lui, pourra donner son sang avec responsabilité et fierté. Idem pour les hommes qui ont de multiples rapports hétérosexuels non protégés mais qui oublient de l'indiquer. Et ainsi de suite. De quoi renforcer un peu plus la stigmatisation de l'homosexualité, et accessoirement la marginalisation des homosexuels. Pensez-vous qu'une telle approche participe à la prévention du suicide chez les jeunes homosexuels, population dans laquelle le taux de suicide est 13 fois plus élevé que chez les jeunes hétérosexuels ? (source : étude de 2005 menée par l'association Aremedia et l'INSERM, citée par le ministère de la santé en 2008 dans le cadre du lancement du plan "santé des jeunes").
Ce qui me dérange également, c'est que le site de l'établissement français du sang "oublie" d'indiquer que les homosexuels hommes ne sont pas les bienvenus. Et oui, cette mesure de restriction n'est pas très populaire dans la population française (76% des 1009 personnes sondées par BVA trouvent cette mesure injustifiée) et, accessoirement, me semble incompatible avec les principes de non discrimination que l'on trouve dans l'ordonnancement juridique national et européen. Pour ce dernier point, la restriction justifiée par des motifs de santé publique me parait disproportionnée par rapport au principe de non discrimination, nous aurons l'occasion de connaître la position de nos juridictions et de la Cour européenne des droits de l'homme dans quelques années puisque cette "situation" vient d'être soumise aux juges français par voie contentieuse.
Une solidarité nationale qui invoque la responsabilité de tous, tout en frôlant la culpabilisation, mais qui exclut et stigmatise une partie de la population ne me parait pas acceptable. Pour ma part, je refuse de donner mon sang, au risque de passer pour un odieux égoïste, pour la simple raison que si l'on a besoin de mon sang, il faudra d'abord accepter celui de mes voisins homosexuels. Si l'on ne veut pas du leur, je ne donnerai pas le mien. Cela s'appelle la fraternité.
Un grand élan solidaire, "festif et ludique", pour sauver des gens. "Son objectif est de faire la fête autour de ce geste simple, généreux et solidaire qu’est le don du sang" dixit le site internet dédié.
C'est la fête ! crédits : lemonde.fr - Hamid AZMOUN
Par contre, Messieurs les homosexuels, vous n'êtes pas les bienvenus, passez votre chemin.
Car ce que le battage médiatique (campagne de presse, publicité à la télévision, un site internet dédié...) oublie de nous dire, c'est que les dons de sang sont toujours interdits aux homosexuels masculins. "Population à risque" nous explique-t-on.
Comme pour l'Hadopi, l'administration française nous sert une culpabilité "a priori" : si vous êtes un homosexuel masculin, vous présentez plus de risques d'être porteur du VIH et donc nous n'avons pas besoin de votre sang. Sauf que là, pas de logiciel espion implanté dans son corps pour "prouver" que l'on est sain, ou que l'on est fidèle, ou que le rapport homosexuel d'il y a vingt ans ne vous a pas transformé en créature démoniaque.
Cette histoire de don du sang est donc d'un ridicule sans nom : l'homosexuel masculin qui s'assume sera considéré comme un pestiféré, l'homme marié qui fréquente régulièrement (mais discrètement) les lieux de rencontres homosexuels, lui, pourra donner son sang avec responsabilité et fierté. Idem pour les hommes qui ont de multiples rapports hétérosexuels non protégés mais qui oublient de l'indiquer. Et ainsi de suite. De quoi renforcer un peu plus la stigmatisation de l'homosexualité, et accessoirement la marginalisation des homosexuels. Pensez-vous qu'une telle approche participe à la prévention du suicide chez les jeunes homosexuels, population dans laquelle le taux de suicide est 13 fois plus élevé que chez les jeunes hétérosexuels ? (source : étude de 2005 menée par l'association Aremedia et l'INSERM, citée par le ministère de la santé en 2008 dans le cadre du lancement du plan "santé des jeunes").
Ce qui me dérange également, c'est que le site de l'établissement français du sang "oublie" d'indiquer que les homosexuels hommes ne sont pas les bienvenus. Et oui, cette mesure de restriction n'est pas très populaire dans la population française (76% des 1009 personnes sondées par BVA trouvent cette mesure injustifiée) et, accessoirement, me semble incompatible avec les principes de non discrimination que l'on trouve dans l'ordonnancement juridique national et européen. Pour ce dernier point, la restriction justifiée par des motifs de santé publique me parait disproportionnée par rapport au principe de non discrimination, nous aurons l'occasion de connaître la position de nos juridictions et de la Cour européenne des droits de l'homme dans quelques années puisque cette "situation" vient d'être soumise aux juges français par voie contentieuse.
Une solidarité nationale qui invoque la responsabilité de tous, tout en frôlant la culpabilisation, mais qui exclut et stigmatise une partie de la population ne me parait pas acceptable. Pour ma part, je refuse de donner mon sang, au risque de passer pour un odieux égoïste, pour la simple raison que si l'on a besoin de mon sang, il faudra d'abord accepter celui de mes voisins homosexuels. Si l'on ne veut pas du leur, je ne donnerai pas le mien. Cela s'appelle la fraternité.