11 juillet 2009
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Prouesses sémantiques au rendez-vous : parler des "Vieux" sans être péjoratifs, alors même que la notion d'âge avancé est perçue négativement. Nicolas Sarkozy a officialisé le terme sociologiques d'aînés lorsqu'il a nommé une secrétaire d'Etat chargée des aînées. Mais, fait plus intéressant, il a identifié et individualisé la question des Vieux dans une sphère autonome, dissociée de la sphère de la solidarité.
Toute la question de la gestion des Vieux est en effet de savoir si la vieillesse dépendante doit être prise en charge par la solidarité nationale, en établissant par exemple un 5e risque ,"dépendance", couvert par l'assurance maladie, ou si, comme dans les pays du sud, on doit laisser la question de l'âge être gérée par les familles, sans soutien de l'Etat, avec, le cas échéant, un régime d'assurance privée.
France Culture proposait, mardi 7 juillet 2009, une émission "du grain à moudre" consacrée à ce thème, en mettant autour d'une table un représentant des professionnels de l'hébergement des personnes âgées, un sociologue et un philosophe.
Pas mal de choses intéressantes dans cette émission, notamment des chiffres qui recadrent bien de quoi on parle : 80% des plus de 80 ans se portent bien en ne sont pas dépendants. Par contre, le fait que la population des plus de 85 ans soit appelée à doubler dans les dix ans à venir va produire une explosion du nombre de personnes âgées dépendantes, fait qu'il va bien falloir prendre en main du côté de la sphère publique.
Car les 15 000 décès de la canicule 2003 ont déjà fait pencher la balance dans le sens d'une question "publique" des problématiques de l'âge et de la dépendance. Plus question de laisser ces questions aux seules familles, la solidarité nationale semble être destinée à jouer plus activement son rôle dans la gestion de l'âge. Toute la question est désormais de trouver une articulation performante entre les responsabilités individuelles (familiales) et la solidarité nationale.
Le coût de cette solidarité nationale ? 15 milliards d'euros par an. C'est sûr que la période n'est pas propice aux réflexions de cet ordre, mais ce volet de dépenses présente une dimension économique indirecte, notamment par la création d'emplois de services à la personne et par la structuration de territoires autour de l'hébergement des personnes âgées.
Une réflexion pour conclure : l'un des intervenants dans l'émission faisait remarquer que les enfants étaient tout autant inter-dépendants que les personnes âgées. Or, l'enfant c'est l'avenir alors on investit dans des crèches, dans les services péri-scolaires et on ne se pose pas trop la question de l'opportunité de la dépense. La personne âgée, c'est plus délicat : elle est plutôt perçue comme une charge (d'où la terminologie utilisée pour aborder ce thème : dépendance, "prise en charge", "maintien" à domicile...) et l'investissement peut être discuté sous cet angle (utilité de dépenser des fonds ?). Mais c'est une erreur de dissocier les deux : la vieillesse, c'est notre avenir à tous, et la question de la gestion de la vieillesse, notamment dépendante, doit être appréhendée comme une question aussi importante que l'avenir des enfants. Mais, évidemment, penser la vieillesse c'est se confronter activement à un avenir peu festif, celui du vieillissement du corps, de la diminution de l'être, de la dépendance et de la mort. Alors, cette faible prise en compte de la vieillesse dans la sphère publique, serpent de mer depuis près de 50 ans, n'est-elle pas tout simplement liée à notre refus d'accepter notre condition mortelle ?
A écouter sur le site de France Culture jusqu'au 7 août 2009 :
Du grain à moudre - "Mais qui va garder les aînés ?"
Toute la question de la gestion des Vieux est en effet de savoir si la vieillesse dépendante doit être prise en charge par la solidarité nationale, en établissant par exemple un 5e risque ,"dépendance", couvert par l'assurance maladie, ou si, comme dans les pays du sud, on doit laisser la question de l'âge être gérée par les familles, sans soutien de l'Etat, avec, le cas échéant, un régime d'assurance privée.
France Culture proposait, mardi 7 juillet 2009, une émission "du grain à moudre" consacrée à ce thème, en mettant autour d'une table un représentant des professionnels de l'hébergement des personnes âgées, un sociologue et un philosophe.
Pas mal de choses intéressantes dans cette émission, notamment des chiffres qui recadrent bien de quoi on parle : 80% des plus de 80 ans se portent bien en ne sont pas dépendants. Par contre, le fait que la population des plus de 85 ans soit appelée à doubler dans les dix ans à venir va produire une explosion du nombre de personnes âgées dépendantes, fait qu'il va bien falloir prendre en main du côté de la sphère publique.
Car les 15 000 décès de la canicule 2003 ont déjà fait pencher la balance dans le sens d'une question "publique" des problématiques de l'âge et de la dépendance. Plus question de laisser ces questions aux seules familles, la solidarité nationale semble être destinée à jouer plus activement son rôle dans la gestion de l'âge. Toute la question est désormais de trouver une articulation performante entre les responsabilités individuelles (familiales) et la solidarité nationale.
Le coût de cette solidarité nationale ? 15 milliards d'euros par an. C'est sûr que la période n'est pas propice aux réflexions de cet ordre, mais ce volet de dépenses présente une dimension économique indirecte, notamment par la création d'emplois de services à la personne et par la structuration de territoires autour de l'hébergement des personnes âgées.
Une réflexion pour conclure : l'un des intervenants dans l'émission faisait remarquer que les enfants étaient tout autant inter-dépendants que les personnes âgées. Or, l'enfant c'est l'avenir alors on investit dans des crèches, dans les services péri-scolaires et on ne se pose pas trop la question de l'opportunité de la dépense. La personne âgée, c'est plus délicat : elle est plutôt perçue comme une charge (d'où la terminologie utilisée pour aborder ce thème : dépendance, "prise en charge", "maintien" à domicile...) et l'investissement peut être discuté sous cet angle (utilité de dépenser des fonds ?). Mais c'est une erreur de dissocier les deux : la vieillesse, c'est notre avenir à tous, et la question de la gestion de la vieillesse, notamment dépendante, doit être appréhendée comme une question aussi importante que l'avenir des enfants. Mais, évidemment, penser la vieillesse c'est se confronter activement à un avenir peu festif, celui du vieillissement du corps, de la diminution de l'être, de la dépendance et de la mort. Alors, cette faible prise en compte de la vieillesse dans la sphère publique, serpent de mer depuis près de 50 ans, n'est-elle pas tout simplement liée à notre refus d'accepter notre condition mortelle ?
A écouter sur le site de France Culture jusqu'au 7 août 2009 :
Du grain à moudre - "Mais qui va garder les aînés ?"